Les styles de Kung Fu

功 夫 风 格

Différenciation

Au cours de son expansion à travers les siècles, le kungfu s’est différencié en un grand nombre de styles et d’écoles, que l’on peut classer :

  • selon la zone géographique à l’intérieur de laquelle est pratiquée une méthode, en style du nord et styles du sud
  • selon le type de force employée, en styles durs, styles souples et styles souples-durs
  • selon le type de travail physique ou mental, en styles externes et styles internes

Styles du nord et du sud

« Au nord les jambes, au sud les mains. »

Proverbe du Kungfu

Chaque style reflète les caractéristiques géographiques de l’endroit où il est pratiqué, les raisons sociales et culturelles autour desquelles il s’est développé et les caractéristiques physiques des pratiquants.
Au nord, où la température est plus rigoureuse et où les populations sont plus robustes, l’emploi des talons et de la lutte s’est majoritairement imposé.
Au sud, où le climat est chaud et humide et où les gens sont plus petits et plus légers, la lutte ne s’est pas ancrée dans les traditions, alors que des techniques très sophistiquées, que l’on peut pratiquer avec les membres supérieurs, se sont développées.
En général, les styles du nord privilégient des mouvements plus longs et un jeu de jambe plus rapide, tandis que les styles du sud se caractérisent par des postures plus statiques et par de puissantes techniques de bras.

Styles souples et durs

Les styles souples sont caractérisés par des mouvements fluides, déliés, sans contraction ni forçage excessif. Ils préfèrent s’adapter aux mouvements de l’adversaire plutôt qu’opposer la force à la force.
La boxe de l’homme saoul, le taiji quan, le liuhe bafa, le bagua zhang, le tongbi quan et le yongchun quan (wing chun en cantonais) sont des styles typiquement doux.
Les styles durs ont des mouvements vigoureux et soumettent les muscles à un gros effort. En général, ils préfèrent utiliser la force explosive et la puissance pour soumettre l’adversaire. De nombreux styles du sud entrent dans cette catégorie, tels que le hung jia (hung gar), le cai jia et le li jia, qui forment le cai li fo quan, ou choi li fut.
Enfin, il existe des styles souples-durs, qui font appel à la puissance dure ou à la puissance souple selon les cas : appartiennent à cette catégorie de nombreux styles du nord, tels que le fanzi quan, le pi gua quan, le tanglang quan et le he quan du sud.

Styles externes et internes

« L’externe entraîne les muscles, les os et la peau ; l’interne entraine le qi. »
(Ancien Proverbe du Kungfu)
Les styles externes mettent l’accent sur l’entraînement du physique et des qualités athlétiques, utilisant principalement la puissance musculaire et la rapidité ; pour cette raison, ils sont donc plus adaptés aux jeunes.
Les styles internes mettent l’accent sur le travail intérieur, sur le qi, ou l’énergie interne, et sur l’usage des tendons plutôt que des muscles. L’emploi de la force est plus délicat, c’est pourquoi les styles internes conviennent mieux aux adultes et aux personnes âgées.

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Une différence que l’on rencontre souvent concerne le terme employé pour désigner la force :

  • dans les styles externes, on emploie le mot li, qui signifie force, puissance
  • dans les styles internes, on emploie le mot jing, qui signifie force intelligente, raffinée
Ainsi, alors que le li est voué à diminuer avec l’avancée en âge, le jing est potentiellement inépuisable et peut être continuellement amélioré au fil du temps grâce à un entraînement correct et adapté.
Cette utilisation de la force est à la base des démonstrations extraordinaires faites par les maîtres de styles internes, capables de vaincre des adversaires plus robustes et ayant plus de résistance physique. Cependant, c’est là l’un des aspects les plus difficiles à traiter dans la kungfu, tant par la difficulté intrinsèque du sujet que par la confusion et la mystification qui règne autour de l’usage approprié de l ‘énergie.

Les principaux styles de kungfu

Styles du nord et du sud, internes et externes, durs et souples : le nombre d’écoles de kungfu est impressionnant, c’est pourquoi nous n’en présenterons que quelques-unes en fondant notre choix sur leur importance et sur le nombre de leurs adhérents.

Shaolin quan, la boxe de Shaolin

Shaolin est certainement le lieu qui a le plus influencé le développement des arts martiaux chinois ces cinq cents dernières années. Grâce à l’isolement géographique et à la tolérance de ces moines, le monastère de Shaolin a toujours été l’un des lieux préféré des hommes d’armes : là, ils pouvaient trouver refuge, tout en ayant la possibilité d’échanger leurs expériences et leurs connaissances des arts martiaux.

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La foi spirituelle de Shaolin, qui ne condamnait pas la pratique du combat, mais en faisait un instrument de croissance spirituelle, attirait les meilleurs experts de kungfu, qui, en prononçant leurs voeux, pouvaient se racheter d’une vie faite de violences sans devoir renoncer à leur savoir.
L’échange de connaissances parmi les experts à l’intérieur du monastère a fait évoluer le kungfu de Shaolin de façon impressionnante, au point que les empereurs Qing s’inquiétèrent et décidèrent de détruire le monastère et de disperser les moines. Cette décision eut pour résultat que de nombreux moines commencèrent à enseigner le kungfu aux laïcs, ce qui eut pour effet de le diffuser largement et de le rendre très populaire.
Le kungfu de Shaolin a subi au cours des siècles des transformations perpétuelles, et le style pratiqué aujourd’hui au monastère n’a probablement pas grand-chose en commun avec les techniques pratiquées il y a des siècles, tout comme il est différent du kungfu enseigné dans de nombreuses écoles de Shaolin disséminées en Chine et à l’étranger.
Sur le plan technique, le kungfu de Shaolin (traditionnel) se caractérise par des mouvements simples et linéaires, que l’on peut exécuter dans un espace restreint.
On privilégie les coups à trajectoires droites et brèves, qui expriment la puissance sans rigidité. Il existe de nombreuses formes comme le pao quan, le hong quan, le meiha quan… Le kungfu de Shaolin comprend de nombreux exercices (il en existe traditionnellement soixante-douze) répartis en gang ou durs et en rou ou souples.

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Les exercices durs ont en général pour objectif de renforcer et de durcir l’extérieur du corps : frapper des sacs pleins de sable, plonger les doigts dans des récipients pleins de sable ferreux, demeurer pendant des heures à la verticale sur la tête ; aguerrir le corps en recevant des coups assenés avec un bâton, tout cela peut paraître excessif et à la limite du masochisme ; mais ces exercices sont utiles pour faire des ^pratiquants des combattants « sans peur » ; naturellement, ils exigent dévouement et grande force de volonté pour aboutir à un résultat valable.

Les exercices souples ne demandent pas moins d’efforts, et certains d’entre eux se révèlent particulièrement difficiles, surtout parce qu’ils s’appuient sur le contrôle mental et sur la respiration intérieure.
Ils comprennent des exercices comme :

  • le « meihua bufa », qui consiste à exécuter des mouvements et des techniques de combat en se déplaçant en équilibre sur cinq, huit ou neuf poteaux plantés sur le sol
  • le « kungfu pour la légèreté », qui est un groupe d’exercices ayant pour objectif de rendre le pratiquant agile et léger pour qu’il puisse se déplacer comme s’il n’y avait plus de gravité
  • le « tongzi gong », ou kungfu des adolescents ; c’est une série d’exercices physiques et psychologiques qui fait de l’adepte une personne douce comme le coton à l’extérieur alors qu’en réalité il est dur comme l’acier
A Shaolin, chaque moine ne se consacre qu’à certains de ses exercices, essayant d’atteindre la maîtrise dans un domaine spécifique.

Chang quan, la boxe longue

On commença à parler de chang quan pendant la dynastie Ming. Le général Qi Jiguang et le maître Cheng Chongdu écrivirent un traité sur les différences entre le style de combat à longues distance et celui à courte distance et décrivirent trente-deux techniques remontant à l’empereur Taizu, de la dynastie Song.
Par la suite, le chang quan s’est imposé dans plusieurs écoles, devenant l’un des styles les plus répandus au niveau populaire dans le nord de la Chine.
Le terme chang quan désigne aujourd’hui une dizaine d’école de kungfu du nord –parmi lesquelles Shaolin, Cha Quan, Hua Quan, Paochui, Fanzi Quan,…, dont il a adopté de nombreuses techniques. Ces caractéristiques en font une discipline adaptée aux jeunes et aux enfants.
Aujourd’hui, dans les compétitions de wushu, le chang quan est l’une des principales spécialités, parmi les plus suivies et appréciées pour la beauté et le coté spectaculaire des techniques.

Nan Quan, la boxe du sud

Le nan quan se caractérise par des mouvements puissants et des positions basses et plutôt statiques. Les bras sont souvent rigides tandis qu’ils simulent des poussées, des coups de poings ou des coups de marteau.
Le na quan s’inspire de certains styles du sud, en particulier ceux des familles Cai, Li, Hong et Mo, mais s’enorgueillit d’origines liées au kungfu de Shaolin, du Henan et du Fujian. Comme le chang quan, la nan quan est l’une des plus grandes spécialités dans les compétitions de formes de wushu.

Baji Quan, la boxe des huit extrêmes

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Le baji quan fut créé il y a plus de deux cent cinquante ans par un moine errant dont on ignore le nom et fut enseigné à Wu Zhong, un expert en lance, qui vivait dans le district de Cangzhou, dans la région du Hebei.
Le baji quan est renommé pour sa simplicité et son efficacité dans le combat.

Tongbei quan, la boxe du dos

Le tongbei quan, ou tongbi quan, est l’un des styles les plus ^populaires en Chine septentrionale et s’enorgueillit d’une longue histoire. La tradition désigne Han Tong, célèbre maître qui vécut sous la dynastie Song, comme son créateur. Dès lors, le tongbei s’est développé et divisé en plusieurs écoles, telles que le tongbei des cinq éléments, des six harmonies, des cinq singes et de Shaolin.
Tong signifie « à travers », bei signifie « dos » et bi signifie « bras ». Lorsqu’un coup est porté, la force est donnée par le dos, puis elle passe par l’épaule et le bras pour atteindre l’objectif.
Les mouvements apparaissent donc doux et fluides, mais ils sont en réalité très puissants.
Les techniques s’inspirent de la théorie des cinq éléments et imitent certains mouvements d’animaux.

Tanglang quan, la boxe de la mante religieuse

D’après la légende, elle fut créée par un spadassin du nom de Wang Lang il y a plus de trois cents ans. Le jeune Wang Lang quitta la province du Shandong, dans le nord-est de la Chine, pour chercher des maîtres et des experts avec lesquels se mesurer et éprouver ses capacités. Ses pérégrinations aux quatre coins de la Chine le conduisirent au monastère de Shaolin, où il demanda à se mesurer avec les moines guerriers : mais là, il essuya un échec cuisant infligé par un novice.

Frappé par la facilité avec laquelle le jeune moine l’avait battu, il décida de se retirer dans la foret pour méditer.
Il remarqua, entre les buissons, une mante religieuse qui se battait comme une cigale : en dépit de sa taille, la mante religieuse soumit rapidement la cigale.
Impressionné par la scène, Wang Lang captura la mante et observa son comportement en combat.

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Au bout de trois mois d’observation et d’expérimentation, il retourna au monastère de Shaolin et défia de nouveau les moines pour être son adversaire, qui, certain de sa supériorité, l’attaqua, essayant de conclure rapidement le combat. Mais cette fois les bras de Wang furent si rapides que toute tentative du moine se révéla inutile. Le moine félicita Wang et lui demanda de lui enseigner ce nouveau style de kungfu, la boxe de la mante religieuse.

Les témoignages historiques nous conduisent plus loin dans le temps, à la fin du Xème siècle, lorsque, toujours dans le monastère de Shaolin, le moine Fu Ju réunit dix-huit des meilleurs maîtres d’arts martiaux, qui demeurèrent trois ans au temple ; de chacun il saisit la technique la plus efficace. Ces techniques constituèrent le noyau de ce qui allait devenir le tanglang lorsque Wang Lang après avoir étudié au monastère, apporta les siennes, créées à partir de l’observation de la mante religieuse pour les bras et du singe pour les déplacements.
Le tanglang est divisé en trois sous-styles principaux :

  • qixing, ou sept étoiles
  • meihua, ou fleur du prunier
  • liuhe, ou six harmonies

Taiji quan, la boxe de la suprématie

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Le taiji quan est considéré par beaucoup comme le style interne par antonomase, l’art martial par excellence ou encore comme l’anti-art martial.
C’est certainement le style qui, plus que tout autre, a été influencé par la pensée taoïste. Les premières informations historiques nous apprennent que le taiji était pratiqué dans le comté de Wenxian, dans la province du Henan, par les membres de la famille Chen.
Le premier maître de ce style fut Chen Wangting, qui ajouta aux techniques qu’il connaissait les concepts de la philosophie et de la pensée énergétique taoïste. Il appliqua à son style la théorie et la pratique du qigong taoïste, transformant radicalement son kungfu et le personnalisant avec des mouvements en apparence légers et doux. Au cours des siècles suivants, le taiji de Chen Wangting se diversifia, donnant naissance à plusieurs styles.

Chen

Le taiji style chen est le plus ancien, celui à partir duquel les autres styles ont été créés. On l’appelle style chen d’après le nom de son créateur, Chen Wangting.
Avec le temps, il a évolué en trois versions :

  • antique, ou laojia, qui remonte à Chen Wangting
  • moderne, ou xinjia, créée cinq générations plus tard par Chen Youben, qui simplifia les mouvements et élimina les techniques les plus complexes
  • la version zhaobao, créée par Chen Quingping, élève de Chen Youben, qui est une nouvelle simplification du style
Le style Chen consiste en l’étude de deux taolu (légèrement différents selon la version), du tuishou, ou mains qui poussent, série d’exercices exécutés à deux, et du zhanchang, ou lances attachées, série d’exercices faits à deux, dans laquelle les adversaires s’affrontent avec des lances ou des bâtons. Le taiji style chan se caractérise par des mouvements lents et en forme de spirale, interrompus brusquement par des mouvements explosifs et rapides.

Yang

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Le taiji style yang fut créé par Yang Luchan au milieu du XIXème siècle sur les bases du style chen.
On raconte que, enfant, il travaillait dans la maison de Chen Changxing. Très intéressé par le kungfu, l commença à observer, en catimini, les entraînements alors secrets pour s’entraîner ensuite la nuit.

Mais on finit par le découvrir et il fut conduit en présence de son patron pour être puni. Chen Changxing lui demanda de montrer ce qu’il savait faire et, lorsqu’il vit Yang évoluer, il décida de l’accueillir en tant qu’élève. Après avoir quitté la maison de Chen, Yang retourna dans son village, Yongnian, et commença à enseigner.
Comme les mouvements étaient difficiles à exécuter par de nombreuses personnes, il décida d’en simplifier le style, éliminant les techniques les plus compliquées et rendant les mouvements plus linéaires. Il transmit sa méthode à son fils et à son petit-fils, Yang Chengfu, qui simplifia encore le style et le rendit célèbre à Pékin et dans la Chine entière.

Wu

Le style wu fut créé par Quan You vers la fin du XIXème siècle. Il étudia d’abord avec Yang Luchan puis avec le fils de ce dernier, Yang Banhou. Le style devint célèbre grâce au fils de Quan You, Wu Janquan, dont il prit le nom. Il se caractérise par des positions hautes et des mouvements peu amples et met un accent particulier sur la sensibilité des bras, ou tuishou.

Wu yusiang

Le style wu yuxiang est une autre école. Wu yuxiang étudia avec Yang Luchan, puis avec Chen Quingping, la nouvelle forme du style chen. Cette école se caractérise par de petits mouvements très lents.

Sun

Le style sun fut créé par Sun Lutang, qui vécût entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème. Déjà maître de xingyi et de bagua, il commença, à l’âge de 50 ans, l’étude du taiji quan de Wu Yuxiang, après quoi il créa son propre style, qui unissait les principes du bagua et du xingyi au taiji.
Au-delà des différences stylistiques, le taiji quan est caractérisé par des techniques douces, que l’on exécute lentement pour permettre au pratiquant « d’entrer » dans le mouvement et de percevoir les plus petites variations d’état et de force. Le travail interne prédomine sur le travail externe. Les muscles superficiels sont moins utilisés que dans d’autres arts martiaux, alors que l’on entraîne et que l’on utilise les structures profondes du corps.
Et c’est justement cela qu’entendent les maîtres lorsqu’ils encouragent à « utiliser les tendons et non pas les muscles, utiliser l’énergie et non pas la force ». Ceci contraint le pratiquant à un processus d’intériorisation qui met l’esprit dans un état de concentration et de relaxation proche de la méditation. Pendant l’exécution du mouvement, la force est générée par le centre du corps, puis s’amplifie en se propageant aux bras et aux jambes.
Toutefois, le taiji n’utilise jamais la force contre celle de l’adversaire, mais s’adapte à elle pour l’annuler et profiter de la faiblesse temporaire de l’adversaire pour frapper, déséquilibrer ou mettre en place d’autres solutions techniques.
C’est ce que l’on décrit dans les textes classiques comme « utiliser cent grammes pour déplacer cent kilogrammes ». Le taiji quan est aujourd’hui l’un des styles de kungfu les plus répandus :en Chine, ou il est pratiqué par les jeunes et les moins jeunes aussi bien comme art martial que comme méthode de bien-être et de longévité, mais aussi en Occident et dans le reste du monde, où il continue à conquérir de nouveaux passionnés.

Xingyi quan, la boxe de la forme de l’esprit

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Le xingyi quan est le deuxième style interne par importance après le taiji.
La tradition attribue l’origine du xingyi au général Yue Fei, personnage historique très célèbre qui vécut pendant la dynastie Song. Toutefois, historiquement, le fondateur du style fut Ji Jike, qui vécut au XVIIème siècle, que l'on connaît aussi sous le nom de Ji Longfeng. Ses étudiants diffusèrent le xingyi dans les régions du Shanxi, du Hebei et du Henan, où des différenciations virent le jour au fil du temps.

En réalité, les styles du Shanxi et du Hebei sont semblables et comprennent les poings des cinq éléments et la boxe des douze animaux, alors que le style du Henan ne comprend qu’une boxe des dix animaux. Les poings des cinq éléments consistent en cinq techniques, chacune associés à un des cinq éléments de la philosophie taoïste : le bois, le feu, l a terre, le métal et l’eau.
Chaque technique exprime la nature de l’élément auquel elle est associée. La boxe des douze animaux (que l’on appelle aussi des dix animaux) imite les attitudes typiques du dragon, du tigre, du singe, du cheval, de la tortue, du coq, du faucon, de l ‘épervier, du serpent, de l’ours, de l’aigle et de l’hirondelle.
Le xingyi quan est un système aux mouvements compacts, aux actions simples et pratiques, à moyenne et courte distance. Il porte une attention particulière à l’étude des positions ou posture, des pas et au travail intérieur, avec le développement du qi (l’énergie interne).

Bagua zhang, la paume des huit trigrammes

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Le bagua forme, avec le taiji et le xingyi, le tripode des styles internes ; il est l’un des styles les plus populaires en Chine.
Ses origines sont incertaines. Certains affirment qu’il est naît sur le mont Emei, dans la région du Sichuan. Le mont Emei abrite de nombreuses communautés religieuses bouddhistes et taoïstes, et ce serait justement deux moines taoïstes, Bi Yun et Jing Yun, qui auraient créé le noyau du bagua à la fin de la dynastie Ming.
Ils l’enseignèrent à Tian Ruhong, qui donna à ce style le nom de yin yang bagua zhang. Il existe aujourd’hui différents styles de bagua, parmi lesquels celui de Dong Haichuan, le plus célèbre et le plus pratiqué.

Dong Haichuan enseigna à Pékin et eut de nombreux étudiants, dont les meilleurs furent Yin Fu, Cheng Tinghua et Li Cunyi. Le bagua s’inspire du Yijing, le livre des mutations.
Il y a huit mouvements de bases, chacun associé à un des huit trigrammes. En faisant varier les huit mouvements de base, on obtient soixante-quatre techniques. Le bagua est caractérisé par des mouvements circulaires, souvent effectués autour d’un centre imaginaire qui représente l’adversaire ; le corps se déplace avec agilité, dessinant des spirales qui rappellent le serpent ou le dragon, le déroulement du geste dans son ensemble évoquant le roulement d’un torrent, vif et imprévisible.

Yi quan, la boxe de l’intention

Créée par Wang Xiangzhai au début du XXème siècle, ce style est connu aussi sous le nom de dacheng quan, ou boxe de la grande réussite.
Wang Xiangzhai fut l’un des meilleurs élèves de Guo Yunshen, grand maître de xingyi quan. A la mort de son maître, Wang commença à voyager en Chine, à la recherche d’experts avec lesquels se mesurer et évaluer ses capacités. Ses expériences l’amenèrent à se montrer très critique à l’égard d’une grande partie de la communauté martiale et de la façon de pratiquer le kungfu, qui était, selon lui, dégénéré et affaibli par de trop nombreuses formes, techniques et fioritures inutiles.
Ceci le poussa à revoir son propre kungfu et à créer une nouvelle méthode, qu’il appelle yi quan, le point central est l’intention mentale, qui joue un rôle majeur par rapport à la technique, qui, elle, s’appuie sur les principes et sur les points forts du taiji, du bagua et du xingyi.

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Shuai Jiao, la lutte

La lutte est l'ancêtre de tous les arts martiaux chinois. Le sumo actuel nous donne une idée de ce que furent les tournois sous la dynastie des Tang (618-907).
A l'époque, le nom de la lutte était: "se précipiter l'un contre l'autre" (Xiang Pu), ce qui en japonais se dit sumo. Sous les Song, les lutteurs endossent une veste pour mieux se saisir, ainsi les combats prennent leur physionomie d'aujourd'hui.
Selon maître Yuan, le Shuai Jiao utilise autant l'intelligence et la force que la souplesse.

La tenue se compose d'un pantalon blanc et d'une veste de toile forte réversible blanche, bordée de bleu ou de rouge ("dalian").
Cette dernière a des manches très courtes afin de faciliter les saisies.

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Yongchun ou Wing Chun quan, la boxe de l’éternel printemps

Le yongchun, ou wing chun comme on le désigne le plus souvent, est l’un des styles du sud parmi les plus connus. Il porte le nom d’une jeune fille, Yan Yongchun, qui, d’après la tradition, apprit le kungfu avec une religieuse. Selon d’autres sources, ce fut son père, Yan Si, maître Shaolin qui s’était enfui du monastère suite aux persécutions des Qing, qui l’initia au kungfu. Yan Yongchun s’entraînait avec son père lorsque, observant un combat entre une grue et un serpent, elle fut si impressionnée qu’elle décida de combiner le style de la grue blanche avec son kungfu.
Ainsi naquit le yongchun quan, qui se développa grâce à la contribution des maîtres qui se succédèrent. C’est un style qui privilégie le combat à courte distance, en ligne droite, préfèrent la force souple à la dureté. Les positions sont hautes et étroites, et les coups partent du centre du corps de celui qui les porte à celui de son adversaire.

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