少 林
Au temps de la dynastie Wei septentrionale (de 386 à 581 après Jésus-Christ), l’empereur Xiao Wen fait construire vers 495 après Jésus-Christ le monastère Shaolin en l’honneur du moine indien Tuo Ba. Le moine mendiant Ta Mo (Bodhidharma) prêche vers 527 après Jésus-Christ pour la première fois le bouddhisme Chan (également connu au Japon comme bouddhisme Zen). Suivant la légende, Ta Mo commence par enseigner aux moines du monastère l’éducation physique et des techniques. Au fil des années, il en résulte un art de combat effectif. Le monastère Shaolin vaut comme lieu d’origine du bouddhisme Chan (Zen) qui est enseigné aujourd’hui encore dans ces murs sacrés.
Le monastère est situé à environ 80 km au sud-ouest de la ville de la province chinoise Zhengzhou, en plein milieu de la province septentrionale Henan, au pied du Songshan, l’une des cinq montagnes sacrées de Chine, au nord du mont Saoshi dans une forêt touffue, d’où le nom Shaolin, qui signifie « La forêt de Shao ».
En entrant dans le monastère par le portail d’entrée immense, on aperçoit d’abord les grands halls et les pavillons qui pourraient tous raconter une histoire en raison de leur existence millénaire. Le monastère Shaolin est composé de sept bâtiments principaux:
Le pavillon Cangjing fait partie des bâtiments les plus importants pour les moines du monastère, puisque c’est ici que sont gardés les Sutras bouddhistes, qui représentent le fondement de leur religion. Le portail d’entrée du monastère présente quatre pentes de toit inclinées vers le haut sous lesquelles se trouve une plaque avec inscription en or « Monastère de Shaolin », écrite pendant la dynastie Ging par l’empereur Kangxi (de 1662 à1721).
En pénétrant davantage à l’intérieur du monastère, on passe de nombreuses plaques en pierre, placées à gauche et droite. Les caractères de ces plaques en pierre sont écrits essentiellement par de célèbres calligraphes des dynasties Tang et Song. On trouve ainsi, déjà assez pâlie et rongée par le temps, la plaque en pierre pour l’abbé du monastère Shaolin, écrite par l’empereur Taizong (de 627 à 649) de la dynastie Tang., « Loué soit Guanyin », écrit le célèbre auteur chinois Su Dongpo (de 1037 à1101) de la dynastie Song sur une autre plaque.
Au bout de cette ruelle, on se retrouve devant le bâtiment principal du monastère, le « Hall des mille Bouddhas », Gianfo pour les Chinois. L’inscription au portail de ce vieux hall dit: « Les sages de l’ouest ». Ce hall fut construit au temps de la dynastie Ming. Ses piliers de soutien, qui ressemblent à des parapluies, finissent en des corniches remontées recouvertes de tuiles peintes en vert. On peut voir de nombreuses peintures murales qui se rapportent toutes, sans exception, aux 500 Sublimes (Luohans) sur les cloisons qui sont dirigées vers l’ouest, l’est et le nord. Ces figures de Bouddha se distinguent surtout par l’adresse de leur peinture. Ils font partie aujourd’hui de l’héritage inestimable de la culture chinoise.
Pendant l’histoire millénaire du monastère ce lieu de kung-fu et de bouddhisme fut trois fois réduite en cendres et dépouillée de ses richesses. Il n’y a aujourd’hui plus que trois grands halls.
Parmi les objets culturels du monastère Shaolin, nombreux sont ceux qui réfèrent à la boxe Shaolin, surtout les peintures murales du hall « Baiyi », qui montrent 30 moines, divisés en 15 couples, qui s’entraînent à la boxe Shaolin dans le hall immense, décoré de lampadaires multicolores. Ces scènes sont illustrées si clairement, qu’on a l’impression d’y être mêlé et l’on se surprend à attendre que le bruit de l’entraînement résonne des murs. D’autres peintures murales montrent des moines lors de l’entraînement aux armes. Ces images anciennes, qui sont peintes directement sur enduit rugueux des murs, constituent un patrimoine de grande valeur quant aux vieux arts de combat du monastère Shaolin. Malgré de nombreux essais de conserver les anciennes fresques, le climat humide a déjà détruit une partie des peintures de grande valeur et il ne reste plus grand chose de la peinture murale aux couleurs jadis si somptueuses du hall Baiyi.
A l’endroit où l’on enseignait des siècles durant le kung-fu aux moines, se trouve aujourd’hui une grande pagode, pourvue d’une lourde cloche. L’ancien terrain d’entraînement des moines Shaolin fut la victime de cette innovation et les moines s’entraînent maintenant souvent en dehors du monastère, au Songshan.
L’échauffement consiste en une course jusqu’à la grotte de Bodhidharma, située à environ 5 km en amont du monastère, mais à part cela, l’entraînement de kung-fu des moines n’a guère changé. Que ce soit en été ou bien en hiver, et peu importe les températures extrêmes, l’entraînement a toujours lieu en plein air et les unités d’entraînement d’au moins 6 heures par jour font toujours partie du déroulement de la journée.
L’une des pagodes les plus élevées se situe à la muraille Nord du cimetière et porte l’inscription « Shi Goung » l’esprit du sabre. Ce moine et grand maître du sabre fut inhumé ici en 1652. L'un des plus grands défenseurs du kung-fu Shaolin, le moine Pi An Quan, fut inhumé ici en 1666, sa période d’abbé ne dura que 14 ans.
Pi An Quan classait les moines en différents groupes de performance, suivant leur savoir-faire et leur prédisposition. À cette période commença la spécification des moines.
La taille et l’architecture originale d’une colonne trahit l’importance de la personne qui est inhumée dessous. Plus la pagode est grande, plus près du ciel sera l’abbé. Pas tous les abbés inhumés sous les pagodes étaient également des moines de kung-fu. Il y avait ainsi des mandats marqués d’abbés uniquement bouddhistes, pendant lesquels l’art du kung-fu était secondaire.
Nombreuses sont les inscriptions devenues illisibles par le délabrement des colonnes en pierre, ce qui fait qu’on ne peut plus savoir qui est inhumé sous ces colonnes jadis prestigieuses; tous les noms des abbés figurent cependant dans les écritures saintes des moines Shaolin, qu’ils considèrent en outre comme grand héritage, ne devant être transmis qu’à l’abbé du moment et dont ils ne dévoilent donc pas les mystères. Le bois des pagodes est aujourd’hui le témoin d’un grand passé. Depuis plusieurs années, les moines essayent d’arrêter le délabrement des colonnes en pierre par des restaurations, afin que les pagodes soient conservées aussi longtemps que possible pour la postérité.
La forêt des pagodes faisait jadis partie du monastère Shaolin et on ne pouvait y pénétrer que par le monastère. Etant donné que les moines exigent une taxe pour la visite du monastère, ils ont déplacé l’entrée de la forêt des pagodes à l’extérieur du monastère, puisque les moines n’ont pas le droit de faire payer l’entrée au cimetière.
Durant les trois dernières années il y a eu beaucoup de changements autour du monastère Shaolin. Il y avait avant de grandes écoles de kung-fu, comme par exemple l’école Tago avec plus de 8000 élèves, mais maintenant tout est rasé puisque le gouvernement a séparé le territoire de Tago. Toutes les écoles ont dû recommencer à zéro en dehors de la région. Ce terrain est désormais réservé uniquement au monastère Shaolin et à l’école pour étrangers (Wushuguan) correspondante. Le gouvernement veut ainsi délimiter l’héritage culturel Shaolin afin que les anciennes techniques et les méthodes d’entraînement soient préservées pour la postérité.